Dimanche, le 22 juin 2014
On avait réservé notre place dans
l’écluse le jour où nous avons pris possession du bateau. Une chance car les places sont comptées dans
l’écluse. Si tu veux prendre la marée
dans le bon sens, vaut mieux réserver sa place dans l’écluse. Nous voulions la marée basse pour qu’elle
nous pousse vers Portneuf en remontant. Il
fallait donc être dans l’écluse pour sortir dans le fleuve le plus près de midi
que possible. Alors nous avons largué
les amarres vers 11h 30 pour aller se placer dans l’écluse. C’était la première fois que je prenais le
bateau. Oh désastre. Une fois le moteur lancé, les amarres
lancées, je mets le moteur de reculons.
Le bateau recule mais le pas de l’hélice nous tire indéniablement sur tribord.
Une fois notre poupe collée sur le bateau qui se trouve derrière nous,
j’embraye vers l’avant.
Le bateau ne
tourne pas pour la peine et je me retrouve l’étrave sur mon voisin de
quai. J’embraye de nouveau de reculons
mais le bateau refuse toujours de tourner et je me retrouve de nouveau avec la
poupe collé sur le bateau d’en arrière. J’embraye vers l’avant, j’embraye de
reculons, j’embraye vers l’avant….
Chaque fois je m’approche un peu plus des bateaux stationnés derrière ou
devant moi. En quelques minutes, sur les
quais, les gens se pressent pour assister à mes manœuvres. De nombreux badauds mais aussi beaucoup de
propriétaires. Nous étions honorés de
voir tous ces gens qui scrutaient chacune de nos manœuvres. Malheureusement, nous avions de moins en
moins de temps à leur accorder et ne pouvions les saluer autant que nous
aurions voulu tellement nos manœuvres exigeaient temps et attention entre reculons,
pause, avant. Gilbert me secondait dans
le cockpit alors que Marie et Jacques couraient vers l’avant, vers l’arrière, vers l’avant brandissant une défense pour protéger la possibilité d’abordage. Dans
une série de manœuvres qui en a impressionné plus d’un, nous avons réussi à
parcourir l’allée entre les deux jetées en crabe et offert un spectacle d’une
dizaine de minutes sans entracte, que personne n’oubliera de sitôt. À notre grande surprise, il n’y a pas eu
d’applaudissements quand nous avons enfin atteint la fin de la jetée. Par contre, nous avons eu la singulière impression
d’entendre un grand soupir au dessus de la marina alors que nous nous
approchions de l’écluse. Venait-il de
l’équipage ou des badauds et des propriétaires amassés sur les quais, nous ne
le saurons jamais.
Dans l’écluse tout s’est bien passé.
Force est d’admettre que nous étions le dernier bateau à y faire notre
entrée. D’ailleurs, le maître éclusier nous avait réservé le bout de quai et
libéré de nombreux hommes de pont pour recevoir nos amarres et sécuriser solidement
notre embarcation.
Après le départ de la marina du Port de Québec on a eu l’impression que
le pire était passé et on s’est dit que tout cet épisode allait être une belle
histoire à raconter pour plusieurs années.
Surtout que la scène a été enregistrée par Louise qui filmait du haut de
la jetée.
Une fois dans le fleuve Cap Océane est dans son élément. C’est un bateau qui aime l’espace et la mer
formée. Il est doux à la barre et il
garde son cap avec grande aisance. De
plus, le moteur est puissant et silencieux.
Dès les premiers milles nautiques je suis vraiment tombé en amour avec
mon Whitby. Surtout que le paysage est fantastique avec le château Frontenac qui nous quitte lentement alors que nous nous dirigeons vers Portneuf pour notre première escale.
À
l’approche de Portneuf, j’ai pris la radio et sur les ondes et j’ai dit :
« Marina de Portneuf, ici voilier Cap Océane. Avons besoin d’une place
pour la nuit. Cap Océane est un ketch de
42 pi avec un bau de 13 pi et un tirant d’eau de 5pi. Nous venons d’acheter le bateau à
Québec. Ceci est notre première journée
en mer. Pour la sécurité de vos équipements et des plaisanciers amarrés nous
demandons le quai le plus facile d’accès et le plus facile à sortir. À vous.»
Immédiatement, j’ai reçu une réponse de la marina qui disait : « Cap
Océane, nous sommes heureux de vous recevoir. A l’entrée, veuillez vous diriger
vers le quai où il y aura le plus de monde pour vous attendre. Terminé » Et du monde il y en avait.
L’accostage s’est fait sans problème.
Nous nous sommes inscrits et nous avons réglé notre note à la
capitainerie dès notre arrivée. Puis
nous sommes allés prendre une bière dans le petit resto à l’étage et en parlant
avec les gars du coin, nous avons réalisé qu’il faudrait partir au plus tard à
3h45 le lendemain matin. À la hauteur de
Deschambault, il y a les rapides Richelieu et ces rapides agissent comme un
tunnel dans lequel s’engouffre la totalité de l’eau du Saint-Laurent qui veut
aller rejoindre la mer. Pour passer les
rapides il faut absolument jouer avec la marée montante quand elle est a son
plus fort. Alors, ce soir là, nous
sommes allés nous coucher de bonne heure.
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