lundi 26 janvier 2015


Lundi, le 30 juin 2014

Le Pygargue (aigle à tête blanche)
est partout dans les Mille-Iles
et adore se percher sur le dessus des phares
Tout le monde est levé, le déjeuner est pris et le bateau rangé, il est 9h.  On lève l’ancre.  Le paysage est à son plus beau car nous avons quitté la voie maritime et sommes maintenant dans le chenal canadien.  Depuis Brockville nous sommes dans les Mille-Iles.  Les iles sont magnifiques.  Le bateau glisse lentement dans ces méandres créés par ces pics de roche plus ou moins imposant qui sortent partout dans cette région du fleuve Saint-Laurent et qui abritent d’innombrables maisons, cottages et châteaux rivalisant tous entre eux pour attirer notre attention.  L’effet est magique.  Vers midi, nous arrivons à notre Club de voile, le Trident.

Le bateau s’est bien comporté.  Le moteur a tenu le coup et mes amis aussi.  Il ne reste plus qu’à faire un ménage sommaire dans le bateau, remplir l’auto de nos gogosses et retourner à la maison dans notre quotidien.  On passe chez Gilbert reprendre l’auto de Louise et Jacques.  Voilà, le nouveau bateau est amarré à son quai et je suis revenu à la maison.  La première aventure avec Cap Océane est terminé mais je dois apprivoiser la bête Il me reste seulement un été pour me familiariser avec tous ces nouveaux systèmes et être confiant dans mes manœuvres.  Il va falloir faire vite si on veut partir en Méditerranée en 2015.
La passe de Gananoque  / L'arrivée au Club de voile Trident / L'arrivée au quai

dimanche 25 janvier 2015


Dimanche, le 29 juin 2014

  On lève l’ancre à 9h30 après un bon petit déjeuner.  Le soleil brille et la journée s’annonce belle. Il n’y a pas de vent et notre moteur ronronne.  La vie est belle.  Vers 16h, nous nous engageons dans une petite anse sur le bout sud-ouest de l’île Grenadier dans une magnifique baie formé par la petite ile Hooper.
L'ile Hooper qui forme une magnifique baie avec l'ile Grenadier.
Un endroit paradisiaque pour s'ancrer pour la nuit
C'est un endroit pour lequel Marie et moi avons une affection particulièrement car peu de bateau se risque dans cette anse peu profonde ou il faut louvoyer entre des rochers à fleur d’eau pour pouvoir profiter du charme et de la tranquillité de l’endroit.  Si la température est radieuse, l’eau qui nous entoure est encore, en cette fin de juin, un peu froide. Qu’à cela ne tienne, Marie et moi piquons une tête.  Force est d’avouer qu’à la première plonge l’eau est froide, à la deuxième plonge, elle est presqu’agréable  elle demeure très rafraichissante.  C’est un exercice revigorant.   Jacques et Louise décident de passer leur tour.

samedi 24 janvier 2015


Samedi, le 28 juin 2014

Entrée de l'écluse de Einsenhower.
Nous partons à 6h30 pour arriver aux écluses américaines le plus tôt possible.  Chez les américains, pas d’attente.
Le passage est direct à Eisenhower et Snell ce qui va nous permettre de faire une bonne journée et enfin plusieurs milles nautique.  Le courant est fort.  Après l’écluse Iroquois, à la hauteur de Gallop Island on fait un petit crochet du coté canadien et on jette l’ancre dans une baie près d’une île.  Nous sommes presqu’à Johnson  et le courant est fort, tellement fort que pour se baigner Marie et moi nous nous attachons au bateau, sinon ce serait trop dangereux de partir à la dérive sans espoir de pouvoir revenir au bateau à la nage.  On se fait un super repas, bien arrosé et on se couche pour être en forme demain matin.

vendredi 23 janvier 2015


Vendredi, le 27 juin 2014

1985 Whitby 42 Ketch located in New York for sale
C'est pas Cap Océane mais
 c'est ce que le bateau a l'air
 toutes voiles déployées
Nous avons appareillé vers 8h45, destination Cornwall.  Sur le lac Saint-François on s’amuse à lever les voiles.  D’abord on sort la voile d’artimon et le génois.  Avec seulement ces deux voiles, dans le petit temps, c’est difficile de traverser le lit du vent.  On rentre la voile d’artimon et on sort la grand-voile. Finalement, nous ouvrons les trois voiles.  Naviguer toutes voiles dehors  s’avère beaucoup plus facile que je ne l’aurais cru.


C’est un bateau lourd, à longue quille, alors je savais qu’il se comporterait très bien à voile dans le gros temps mais j’ai été surpris de le voir aussi performant dans le petit temps.  Nous avions seulement 10 nœuds de vent et à ma grande surprise, le bateau réussissait à garder une moyenne de cinq nœuds.  Nous nous sommes amusés pendant  trois heures mais le vent a diminué et nous avons été obligés d’affaler.


J’étais quand même heureux.  On est arrivé à Cornwall à 14h30 et on s’est amarré sur le quai à l’entrée de la marina municipal.  Un endroit facile pour s’amarrer et encore plus facile pour appareiller le lendemain matin.  Louise vient nous rejoindre et Gilbert prend l’auto pour retourner chez lui à Ottawa.  Louise, Jacques, Marie et moi sortons en ville pour souper.  Agréable soirée, retour au bateau et on se prépare pour repartir le lendemain.




jeudi 22 janvier 2015


Jeudi, le 26 juin 2014
Nous sommes partis vers 7h30. Nous voulons être aux écluses de Beauharnois au plus tard à 11h car les membres du Club nous ont informés que si nous arrivons à 11h, nous devrions passer dans l’heure qui suit.  J’en doutais mais on a quand même fait l’effort.  On est arrivé à Beauharnois avant 11h.  Mais nous devons attendre dans l’ère d’attente qui se résume à un quai qui fait moins de 30m.  Nous sommes les premiers arrivés.  Assez rapidement nous sommes rejoints par  un bateau moteur, propriété d’un couple âgé d’américain qui navigue sans but précis au gré de leur fantaisie.   Au milieu de l’après-midi un autre voilier vient s’amarrer derrière nous.  Le proprio vient juste d’acheter le voilier et il a réservé les services d’un couple de professionnel pour le convoyer avec lui à son nouveau port d’attache.  J’essaie de glaner des conseils gratuits sur le maniement de mon bateau.  Le couple de professionnel est gentil mais pas très bavard et je ne recevrai pas beaucoup de conseils pratiques.
  Finalement, un autre gros bateau moteur fait son apparition mais demeure au large dans la petite baie ou nous sommes.
Dans le canal de Beauharnois
Enfin, nous avons le feu vert.  Le bateau moteur resté au large est le premier dans l’écluse suivi par l’autre bateau moteur qui s’amarre à l’épaule.  Je le suis de près, on nous indique le mur juste derrière lui.  L’autre voilier, plus petit s’amarre sur moi à l’épaule. Le bateau moteur en avant de nous est mené par deux malabars, père et fils, tatoués et accompagnés d’une, fort jolie jeune femme de couleur.  Leur bateau semble flambant neuf et ils ont une carrure plutôt impressionnante.    Il est dépassé 18h quand les portes de l’écluse s’ouvrent pour nous laisser passer.  J’en étais sur, j’ai jamais passé les écluses de Beauharnois sans attendre une éternité et à une heure qui me permettrait de faire la vingtaine de kilomètres qui séparent l’écluse du lac Saint-François avant que la nuit ne tombe.  Cela est ridicule car nous avons attendu toute la journée sans qu’aucun laquier ne se pointe le bout du nez. Puis nous avons reçu le feu vert et appris qu’un laquier faisait ses manœuvres d’approche dans l’écluse du haut.  Nous avons donc été obligé de faire du surplace entre les deux écluses pour laisser passer le laquier à sa sortie de l’écluse du haut. Cette attente m’a quand même permis de pratiquer les manœuvres du reculons.  Jusqu’à aujourd’hui je n’ai jamais compris comment les éclusiers du Québec fonctionnent.  Quelqu’un m’a dit qu’on avait tellement coupé les postes que les éclusiers emmerdent volontairement les plaisanciers pour que ceux-ci se plaignent aux autorités dans le but de protéger leurs emplois.

Une fois passé les écluses, une vingtaine de kilomètres km pour atteindre le lac Saint-François.  Puis encore une bonne heure pour Coteau-du-lac ou nous nous ancrons derrière une barre de terre située devant l’entrée du canal de Soulange.  Un bel endroit protégé des vents de l’ouest pour y passer la nuit.



 









mardi 13 janvier 2015


Mercredi, le 25 juin 2014

Nous levons l’ancre et partons vers 7h.  Nous voulons être aux écluses le plus tôt possible.  Mon expérience avec les écluses n’est pas des plus positives.  Aujourd’hui, nous voulons passer les écluses de Saint-Lambert et de Sainte-Catherine. Ce serait bien de se rendre jusqu’aux écluses de Beauharnois mais c’est le temps passé à attendre aux écluses qui fera la différence.


C’est toujours le même rituel.  On arrive à l’écluse, on accoste, on se rapporte au maître éclusier et on attend, on attend, on attend et on attend encore.  Il n’y a pas de bateau mais on attend quand même le bon plaisir de l’éclusier.  Une véritable épreuve de patience.  Et la patience n’est pas ma qualité première.  D’autres bateaux viennent nous rejoindre et le manège recommence.  Finalement on nous appelle du haut des haut-parleurs pour nous inviter à nous présenter dans l’entrée de l’écluse.  On largue les amarres et on s’engouffre dans l’étroit corridor entre les deux immenses murs de béton.  Avouons que nous sommes ingénieux d’avoir inventé ces mécanismes pour gérer les différents niveaux des cours d’eau.  Comme nous remontons le fleuve, nous entrons alors que l’écluse est vide.  Du haut des murs, les éclusiers nous lancent des cordes que nous devons sécuriser en utilisant les taquets de la plage avant et arrière du bateau.  Les gigantesques portes se referment,  Nous sommes maintenant prisonniers dans le fond de l’écluse.  On sent le bateau s’élever, au fur et à mesure que l’eau s’engouffre dans l’écluse. Le bateau a tendance à s’approcher du mur et nous essayons tant bien que mal de le garder à une certaine distance histoire d’éviter les éraflures sur notre coque. C’est un ballet.  Tu pousses en avant, je pousse en arrière, le bateau avance, je tire sur ma corde, le bateau recule, tu tires sur ta corde.  Pousse, tire, laisse filer ta corde, raidi un peu, pas trop fort, je n’arrive pas à prendre le slack.  Les écluses, c’est l’enfer.  Il y a sept écluses à passer entre Québec et Kingston.  Ces écluses,  Marie et moi, nous les avons traversées tellement souvent que nous savons maintenant que notre mariage est à toute épreuve.

Le Club de voile Royal Saint-Laurent
 sur le Lac Saint-Louis,
à l'ouest de l'ile de Montréal 
Après avoir passé les écluses de Saint-Lambert et de Sainte-Catherine, nous nous sommes retrouvés dans le canal qui longe la réserve de Kahnawake pour aboutir, 14 km plus loin, dans le lac Saint-Louis. Comme il se faisait tard et que nous savions que nous n’aurions pas le temps de passer les deux écluses de Beauharnois, nous avons décidé d’aller passer la nuit dans le Club de voile Royal Saint-Laurent (mieux connu sous le nom du Royal St-Lawrence Yacht Club) avec qui nous avons des accords de réciprocité.  C’est-à-dire que les membres du Club Trident sont reçus gratuitement par le RSTLYC et ils ont la réciprocité.  De plus, nous avions besoin de prendre du fuel.  C’est mon deuxième accostage à vie sur le Whitby.  Je connaissais le RSTLYC puisque j’ai hivernisé mon premier bateau pendant quelques années au Club de voile voisin de Pointe-Picard.  Le RSTLYC  a été fondé en 1888.  C’est l’un des plus vieux Club de voile au Canada.  Nous avons accosté au quai de réapprovisionnement pour faire le plein de fuel.  Le quai est lové au bout d’un long corridor formé par deux séries de quais ou sont accostés de petits voilier.  L’espace entre les deux rangées de bateaux est petite.  Une fois amarré, un autre bateau s’amarre juste derrière moi.  Devant mon étrave on retrouve la descente pour bateau.  Je suis coincé.

On fait le plein.  J’ai deux réservoirs d’essence qui font ensemble 150 litres de fuel.  La facture est surprenante moi qui avait sur Cigale (mon ancien bateau) un réservoir de 50 litres.  Le gérant du Club M. David Fleet est venu immédiatement à notre rencontre nous saluer et nous inviter à se joindre à un BBQ avec tous les membres du Club qui participe à chaque mercredi à une régate.  Il nous confirme que nous sommes probablement au meilleur endroit pour passer la nuit.  Nous avons avancé le bateau au maximum dans la descente pour libérer les pompes à fuel, puis nous sommes parti visiter la ville, après quelques consommations d’usage nous avons rejoints les membres du Club pour le BBQ et rencontré le commodore et quelques autres membres de l’exécutif.  Super soirée, bonne bouffe et belle compagnie.  Je crois que c’est Gilbert qui en a le plus profité.  C’est à refaire.

lundi 12 janvier 2015


Mardi, le 24 juin 2014


Aujourd'hui, l'imperméable
 est de rigueur
Ce matin il pleut. On déjeune et on quitte notre petite baie lovée entre deux magnifiques iles.  Il est 10h. Destination Montréal.  On passe devant Sorel, il est 11h30, il pleut toujours.  Petite journée maussade et tristounette.




180 millions de tonnes métriques de marchandise chaque année
Nous jetons l’ancre à 19 h dans une minuscule baie près d’une ile en amont de Varennes. Caché derrière notre île, on voit passé les laquiers qui transportent nos richesses, et répondent à nos besoins.  Ils y a des centaines de laquiers qui remontent ou descende les Grands Lacs et le fleuve Saint-Laurent.  Bon an mal an, ils charroient plus de 180 millions de tonnes métriques de marchandise dont nous avons besoin ou que nous voulons faire profiter le reste du monde.  Impressionnant surtout qu'en on apprend qu'ils ne sont pas toujours utilisés à leur pleine capacité.




dimanche 11 janvier 2015




Lundi, le 23 juin 2014


Départ à 3h45.  C’est vraiment tôt.  Il fait noir.  Il n’y a pas un bruit.  Nous nous levons en silence. 
Derrière nous le soleil se lève.
 Nous larguons les amarres. Nous sortons de la marina sans bévues.  Nous sommes comme des fantômes.  Le fleuve est magnifique et la marée nous pousse vers l’ouest. On navigue au moteur.  A la hauteur de Deschambault nous remontons les rapides Richelieu, le seul véritable obstacle entre Québec et Trois-Rivières.  Sur les rives du Saint-Laurent s’égrainent les villages aux noms évocateurs de la Nouvelle-France et de notre patrimoine historique; Lotbinière, Deschaillons, Saint-Anne de la Pérade, Saint-Pierre les Becquets, Batiscan, Champlain, Bécancour, Cap de la Madeleine, Trois-Rivières, Pointe du Lac et Baie-Jolie. 

 
Carte du lac Saint-Pierre
Large de 14 km sur 32 km de long,
le lac St-Pierre est classé réserve de la Biosphère depuis 2001

Puis c’est le lac Saint-Pierre cet épanchement que le fleuve s’offre après avoir servi de décharge et d’autoroute à tout le bassin industriel du nord des États-Unis et du Canada. Le lac fait 32 km de long, sur 14 km de large mais n’a que 3m de profond en moyenne. C’est une immense région qui filtre toute l’eau douce du fleuve avant de la laisser partir vers la mer. C’est un bassin à caractère unique ; il est demeuré à 90 % naturel ; c’est le plus important archipel du Saint-Laurent avec 103 îles ; 27 espèces de plantes rares ; 50 % des milieux humides du Saint-Laurent ; 79 espèces de poissons, dont 2 figurants sur la liste des espèces menacées ; 288 espèces d’oiseaux observées, dont 116 considérées comme nicheuses ; 12 espèces d’oiseaux faisant partie de la liste des oiseaux menacés du Québec ; la première halte migratoire printanière de l’Oie des Neiges sur le Saint-Laurent,; il comprend la plus importante halte migratoire de sauvagine en eau douce du Saint-Laurent et la plus importante héronnière en Amérique du Nord.  C'est le dernier bassin d'eau douce du Saint-Laurent. 

Nous voguons lentement sur un joyau.  Le bonheur.



Gilbert est avec moi dans le cockpit, Jacques est en grande discussion téléphonique avec sa blonde après avoir fait un roupillon sur la banquette du carré et Marie prépare un délicieux goûter pour tout le monde.  On entre dans les iles de Sorel pour trouver un endroit ou s’ancrer pour la nuit.  Il est 17h, nous naviguons depuis 13h.  Nous pouvons être fiers de notre journée.  Une fois l’ancre bien accrochée dans le fond du Chenal des Iles aux sables, nous nous  offrons un petit apéro et Marie nous concocte un magnifique repas de poulet grillé.  Petite soirée de scotch agrémentée d’un choix de musique sélectionné par Jacques.


samedi 10 janvier 2015

Dimanche, le 22 juin 2014

On avait réservé notre place dans l’écluse le jour où nous avons pris possession du bateau.  Une chance car les places sont comptées dans l’écluse.  Si tu veux prendre la marée dans le bon sens, vaut mieux réserver sa place dans l’écluse.  Nous voulions la marée basse pour qu’elle nous pousse vers Portneuf en remontant.  Il fallait donc être dans l’écluse pour sortir dans le fleuve le plus près de midi que possible.  Alors nous avons largué les amarres vers 11h 30 pour aller se placer dans l’écluse.  C’était la première fois que je prenais le bateau.  Oh désastre. Une fois le moteur lancé, les amarres lancées, je mets le moteur de reculons.  Le bateau recule mais le pas de l’hélice nous tire indéniablement sur tribord. Une fois notre poupe collée sur le bateau qui se trouve derrière nous, j’embraye vers l’avant.




Le bateau ne tourne pas pour la peine et je me retrouve l’étrave sur mon voisin de quai.  J’embraye de nouveau de reculons mais le bateau refuse toujours de tourner et je me retrouve de nouveau avec la poupe collé sur le bateau d’en arrière. J’embraye vers l’avant, j’embraye de reculons, j’embraye vers l’avant….  Chaque fois je m’approche un peu plus des bateaux stationnés derrière ou devant moi.  En quelques minutes, sur les quais, les gens se pressent pour assister à mes manœuvres.  De nombreux badauds mais aussi beaucoup de propriétaires.  Nous étions honorés de voir tous ces gens qui scrutaient chacune de nos manœuvres.  Malheureusement, nous avions de moins en moins de temps à leur accorder et ne pouvions les saluer autant que nous aurions voulu tellement nos manœuvres exigeaient temps et attention entre reculons, pause, avant.  Gilbert me secondait dans le cockpit alors que Marie et Jacques couraient vers l’avant, vers l’arrière, vers l’avant brandissant une défense pour protéger la possibilité d’abordage. Dans une série de manœuvres qui en a impressionné plus d’un, nous avons réussi à parcourir l’allée entre les deux jetées en crabe et offert un spectacle d’une dizaine de minutes sans entracte, que personne n’oubliera de sitôt.  À notre grande surprise, il n’y a pas eu d’applaudissements quand nous avons enfin atteint la fin de la jetée.  Par contre, nous avons eu la singulière impression d’entendre un grand soupir au dessus de la marina alors que nous nous approchions de l’écluse.  Venait-il de l’équipage ou des badauds et des propriétaires amassés sur les quais, nous ne le saurons jamais.

Dans l’écluse tout s’est bien passé.  Force est d’admettre que nous étions le dernier bateau à y faire notre entrée. D’ailleurs, le maître éclusier nous avait réservé le bout de quai et libéré de nombreux hommes de pont pour recevoir nos amarres et sécuriser solidement notre embarcation.

Après le départ de la marina du Port de Québec on a eu l’impression que le pire était passé et on s’est dit que tout cet épisode allait être une belle histoire à raconter pour plusieurs années.  Surtout que la scène a été enregistrée par Louise qui filmait du haut de la jetée.
Une fois dans le fleuve Cap Océane est dans son élément.  C’est un bateau qui aime l’espace et la mer formée.  Il est doux à la barre et il garde son cap avec grande aisance.  De plus, le moteur est puissant et silencieux.  Dès les premiers milles nautiques je suis vraiment tombé en amour avec mon Whitby.  Surtout que le paysage est fantastique avec le château Frontenac qui nous quitte lentement alors que nous nous dirigeons vers Portneuf pour notre première escale.  

À l’approche de Portneuf, j’ai pris la radio et sur les ondes et j’ai dit : « Marina de Portneuf, ici voilier Cap Océane. Avons besoin d’une place pour la nuit.  Cap Océane est un ketch de 42 pi avec un bau de 13 pi et un tirant d’eau de 5pi.  Nous venons d’acheter le bateau à Québec.  Ceci est notre première journée en mer. Pour la sécurité de vos équipements et des plaisanciers amarrés nous demandons le quai le plus facile d’accès et le plus facile à sortir.  À vous.»  Immédiatement, j’ai reçu une réponse de la marina qui disait : « Cap Océane, nous sommes heureux de vous recevoir. A l’entrée, veuillez vous diriger vers le quai où il y aura le plus de monde pour vous attendre.  Terminé »  Et du monde il y en avait.

L’accostage s’est fait sans problème.  Nous nous sommes inscrits et nous avons réglé notre note à la capitainerie dès notre arrivée.  Puis nous sommes allés prendre une bière dans le petit resto à l’étage et en parlant avec les gars du coin, nous avons réalisé qu’il faudrait partir au plus tard à 3h45 le lendemain matin.  À la hauteur de Deschambault, il y a les rapides Richelieu et ces rapides agissent comme un tunnel dans lequel s’engouffre la totalité de l’eau du Saint-Laurent qui veut aller rejoindre la mer.  Pour passer les rapides il faut absolument jouer avec la marée montante quand elle est a son plus fort.  Alors, ce soir là, nous sommes allés nous coucher de bonne heure.

vendredi 9 janvier 2015

Samedi, le 21 juin 2014
Aujourd’hui on attend notre équipage : Jacques et Louise, un couple avec qui nous sommes amis depuis 1983 et Gilbert un marin plein d’expérience qui est aussi mon voisin de quai au Trident et un joyeux luron.  Je les ai choisi parce que je suis sur qu’ils vont s’entendre comme larrons en foire.  Ils devraient arriver
L'équipage arrive.  On sera quatre
 pour le voyage Gilbert, Jacques, Marie et moi
ensemble en début d’après midi.  Louise retournera seule à Ottawa avec le véhicule mais reviendra nous rejoindre un peu plus tard pour relever Gilbert qui doit être de retour à Ottawa avant la fin du voyage.  Gilbert prendra alors l’auto de Louise pour retourner à la maison.  Le week-end avant que l’aventure commence, nous avions positionné une auto au Club Trident, puis nous sommes parti pour Québec avec une autre auto (Compliqué vous direz, un peu mais cela a fonctionné).

Quand nous nous sommes finalement levés, il a fallu nettoyer, avitailler et préparer le bateau.  Marie était aidée de Lise, une amie d’enfance alors que son chum Gilles et leur fils Mathieu me donnait un fameux coup de main pour charroyer tout le matériel de l’auto au bateau.  Il a fallu monter les voiles, gonfler l’annexe et un gros merci à Gilles qui a pris sur lui de retourner à la maison solidifier le plancher de la cambuse (cuisine) qui avait cédé.  Il faut ranger tout le matériel dans les coffres et les recoins du bateau.  Aidé de Mathieu puis un peu plus tard de Jean-François, le fils de Jacques et Louise qui travaille à Québec dans le domaine de la restauration et qui nous reçoit ce soir avec l’équipage, nous avons aussi sécurisé les chaines et les trépieds laissés sur le terrain où Cap Océane avait passé l’hiver.  Finalement, l’équipage arrive, tour du proprio, petit apéro dans le cockpit, et Jean-François qui d’un saut acrobatique atterri dans les vélos stationnés sur le quai et se tord la cheville. C’est la malédiction Jean-François / Jean, car depuis des décennies il semble qu'à chaque fois qu’on se voit, «JF est blessé au pied ».  Mais c’est une autre histoire.

Quel repas extraordinaire pour marquer notre dernière soirée à Québec.
Merci J.F.
En fin d’après-midi, nous quittons le bateau pour aller chez JF qui reçoit tout le monde chez lui pour un gargantuesque BBQ.











Fantastique soirée, tout en rire et en détente.
L'équipage au complet.
Retour au bateau pour un départ demain avec l’ouverture de l’écluse du bassin Louise qui va libérer Cap Océane et le lancer dans le fleuve Saint-Laurent.